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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 05:38

Fukushima et Japon, de la contamination à la dissémination et vice-versa…

 

Du fait du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars 2011 mais aussi du fait d’impardonnables erreurs technologiques (voir article : Three Misle Island 1979-Fukushima 2011 : les leçons non apprises ), les opérateurs de la centrale nucléaire de Fukushima ont dû se résoudre le 12 mars au matin à lâcher dans le ciel de Fukushima un gros volume de vapeur radioactive, afin d’éviter la pure et simple explosion de la centrale.

Ce premier nuage a contaminé la région.

 

La suite des évènements ne sera qu’un désastre nucléaire d’ampleur incroyable, avec plusieurs émissions de nuages radioactifs, des cœurs de réacteurs en fusion quasiment à l’air libre et des tentatives de refroidissement avec de l’eau de mer devenue radioactive puis stockée vaille que vaille dans des conteneurs, des bateaux citernes puis finalement relâchée dans la mer. Contamination d’envergure ! Et pourtant, AREVA, notre fleuron national, était sur place pour aider … No comment !

 

 

Nous ne reviendrons pas sur les incroyables dénis de l’opérateur TEPCO et du gouvernement japonais sur les dangers de ces accidents… (Voir article : Fukushima, un an après ) Une zone de contamination importante a fini par être dessinée et évacuée : 20 km autour des centrales.

 

Fukushima-zone-interdite.jpg

 

Or, le vent, cet horrible vent dont on se demande comment il a osé souffler durant toute cette période, le vent donc  a décidé que la zone de contamination n’était pas ronde

Fukushima-contamination.jpg

Il faudra des mois pour que le gou vernement rajoute aux 20 km des zones disséminées ici et là et présentant des taux de radiation vraiment trop élevées, même au regard des nouvelles normes tolérées (plus laxistes que les précédentes…).

 

Ce sont maintenant 160 000 personnes qui ont été déplacées car résidant dans des zones répondant aux normes d’évacuation. Dans les environs, les gens vivent et travaillent ou tentent de vivre et travailler en s’adaptant aux contraintes posées par la radioactivité. On a décontaminé et on décontamine encore et encore les cours d’école, les rues, certaines maisons, quelques parcelles de terre etc …

 

Qu’a-t-on fait des éléments ramassés : certains ont été incinérés ailleurs au Japon dans installations non équipées pour la décontamination nucléaire et ont donc disséminé une pollution invisible mais réelle dans d’autres régions. Le reste a été stocké sur place ou enfoui dans de grands trous. Il suffit d’un peu d’eau de pluie pour que les éléments enfouis se dispersent dans le sol, le sous-sol et finalement les nappes phréatiques. Dissémination !


Les agriculteurs continuent la culture et l’élevage. C'est leur métier. Leurs produits sont contrôlés : au-dessus d’un certain seuil, ils ne sont pas commercialisables (qu’en fait-on ? Pas du compost, j’espère …). En dessous des seuils admis comme corrects (et jugés anormaux et incorrects dans le reste du monde car trop élevés), ils sont commercialisés et finalement consommés. Dissémination !


Certains de ces agriculteurs, lassés de voir que leur sol était vraiment inapte à la culture pour permettre de rester en-deçà de ces fameux seuils, ont entrepris de faire des labours profonds, histoire de bien tout mélanger et de diminuer le taux de contamination. Dissémination !


Sur terre, les eaux ou les vents coulent, ruissellent, percolent, soufflent, transportent des éléments radioactifs y compris vers des lieux pas ou moins contaminés. Dissémination !


En mer, les pêcheurs pêchent. Leurs poissons, comme les produits agricoles, sont testés. Au-dessous d’un certain seuil de radioactivité, on les retrouve sur les marchés. Dissémination !

Au-dessus de ce seuil, ils ont payés par le gouvernement mais rejettent illico-presto leurs prises à la mer, depuis le quai du port, y compris s’ils ne sont pas en zone contaminée. Dissémination !


Et puis sous l’eau, les poissons mangent du plancton contaminé puis s’en vont gaillardement pour certains à quelques dizaines de miles marins de là,  pour d’autres dans toutes les mers du globe, propager la bonne radioactivité fukushimaienne. Dissémination !


Et qui dit dissémination dit aussi contamination !!!


On peut certainement et légitimement critiquer le gouvernement japonais de ne pas prendre, sciemment ou non, c’est l’affaire des Japonais,  la mesure totale de l’évènement et de ne pas mettre sa population en sécurité. On peut le critiquer pour sa façon de permettre une dissémination de la radioactivité dans tout son pays.

Il semblerait que les Soviétiques à l’époque de Tchernobyl aient un peu mieux réagi vis-à-vis des populations locales. Ayons toutefois une pensée émue et reconnaissante pour les travailleurs enrôlés quasiment de force pour couler le fameux sarcophage et qui en sont morts ou en sont malades.

 

Mais même le Soviet Suprême n’a pu empêcher le fameux « nuage de Tchernobyl » tout comme le Gouvernement japonais ne peut empêcher la dissémination hors du Japon par des éléments naturels (vent, courants maritimes ou poissons par exemple).

 

Imaginons un instant !


Oui, imaginons un instant qu’un accident se déclare dans une centrale de la Vallée du Rhône.

Avec un petit coup de mistral, il y a fort à parier que tôt ou tard une bonne partie de notre chère Provence sera bel et bien contaminée mais aussi que le Rhône charriera ses particules radioactives jusqu’en Méditerranée et polluera durablement cette mer fermée et contaminera les pays riverains.

 

Les citoyens français seront lourdement pénalisés comme le sont les Ukrainiens ou les Japonais (mais après tout, ils ont aussi bénéficié de l’énergie nucléaire française pendant des années). Mais quid des autres ?

Est-ce compatible avec la philosophie du pays de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ?

 

-          Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits (article 1 er de la déclaration)

-          La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (article 4 de la déclaration)

-          La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration (article 15 de la déclaration)


Et puis, pour ceux, nombreux, qui se moquent de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, parlons autrement :


Pour le moment, à notre connaissance, les côtes ouest des Etats-Unis et du Canada n’ont « récupéré » que des éléments solides suite au tsunami. Que se passera-t-il si un jour les plages, eaux et poissons de cette côte ouest devaient se révéler contaminés par la radioactivité émise par la centrale de Fukushima ? L’hypothèse est plausible. Alors, au moins un beau procès en perspective et des dommages et intérêts costauds, selon la méthode américaine…

 

Et le jour où la Méditerranée pourrait être durablement contaminée, suite à notre hypothétique accident en Vallée du Rhône, avez-vous envie de devoir, comme citoyen (mais cela vous importe peu) ou comme contribuable français (là, ça vous touche plus) prendre votre responsabilité (malgré vous) et payer des dommages énormes aux autres peuples ? Car, ne vous y trompez pas, les sommes à débourser seront colossales et comme d’habitude si les profits sont privatisés, les pertes seront nationalisées…  Vous aurez au moins appris ça de la crise financière de 2008, non ?

 

Etes-vous prêts à prendre ce risque ?

Nous avons eu beaucoup de chance jusqu’à présent, pourvu que nous nous ne réveillions pas un jour en plein cauchemar comme en Ukraine ou au Japon …

 

Au fait :


Au fait, on parle de démanteler la centrale de Fukushima. C’est bien le moins. D’autant que personne ne peut affirmer qu’elle ne continue pas à déverser ses ions ou atomes radioactifs dans l’eau et l’atmosphère. Savez-vous combien de temps ce démantèlement va durer ? On parle de 40 ans…

 

En France, nous avons aussi une centrale, non accidentée celle-ci, Dieu merci, en cours de démantèlement : Brennilis, en Bretagne. Depuis 1985 … soit 28 ans… et ce n’est pas terminé. Le coût ? Secret d’état ou plutôt d’EDF.

 

Brigitte Grivet

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commentaires

R
Si le nucléaire fait peur, cela n'est pas du qu'aux accidents.Sans contredire les conséquences dramatiques qui en découlent, les interprétations manquent d'objectivité.Sur les trois accidents<br /> cités, aucune comparaison ne semble possible du fait des différentes techniques employées et de l'absence d'enceinte de confinement en ce qui concerne Tchernobyl.<br /> En France la technique REP ou PWR est identique à Three Miles Island ou les conséquences du " d"noiement" du coeur ont été minimisées grâce à l'enceinte de confinement.<br /> En définitive si le risque zéro n'existe pas ( dans tous les domaines) il faut évidemment mettre la sécurité ( et non la chance) du bon côté pour éviter les dysfonctionnements en série qui se sont<br /> produits lors de ces accidents.Mais de là à dire que les affreux méchants partisans du nucléaire n'ont pas pris la mesure des risques est un vilain mensonge historique (et non pas hystérique)<br /> puisque dame nature sans tsunami, a créé un accident nucléaire sans intervention humaine. Cette réaction en chaîne ( fission) a été mise en évidence sur le site d'Oklo au Gabon.<br /> Les pauvres apprentis sorciers "atomistes" n'ont donc rien inventé !!!<br /> Cordialement, A.R.
Répondre
V
<br /> <br /> Avec le nucléaire, on arrive au maximum de la notion un peu oubliée de "risque industriel majeur".<br /> <br /> <br /> A-t-on réellement fait le calcul du coût d'un accident pour le mettre face aux bénéfices attendus ?<br /> <br /> <br /> Ce serait intéressant<br /> <br /> <br /> BG<br /> <br /> <br /> <br />
D
Quand Brigitte nous fait une piqure de rappel tout y est, il ne manque rien.....malheureusement.....nos enfants sont véritablement assis sur une poudrière.....encore merci Brigitte
Répondre
V
<br /> <br /> Attention, ce n'est qu'un point de vue, le mien !<br /> <br /> <br /> <br />

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