Monsieur le 1er adjoint au maire de Lorgues,
Votre article de réhabilitation du roi Louis XVI est pour le moins amusant dans un bulletin municipal, édité par une mairie (institution républicaine me semble-t-il), avec les impôts des citoyens lorguais (le mot même de citoyen n'a-t-il pas une forte connotation révolutionnaire ?) et surtout présentant un rapport plus que lointain avec notre commune et les préoccupations des Lorguais. Mais soit ! Si ce souverain avait la marotte de la serrurerie à ses moments libres, vous avez celle de l’histoire, c’est votre droit le plus strict ! Devez-vous pour autant l’infliger à tous les lecteurs du Lorgues Infos ?
L’histoire a certainement été utilisée à toutes les époques pour cimenter une conscience collective et peut-être bien pour manipuler des opinions. Mais n’est-ce pas ce que vous tentez également de faire ?
Il ressort de votre article que la France et les Français ont mal évalué ce pauvre monarque déchu puis décapité, qu’ils n’ont pas su saisir l’opportunité des réformes qu’il se préparait à faire. C’est possible mais à qui la faute ? Les tendances réformatrices de ce monarque peut-être éclairé (on ne le saura jamais) ont été tuées dans l’œuf par son entourage même, ce que vous omettez de préciser. L’aristocratie et le clergé ont tout fait à l’époque pour préserver leurs privilèges ; il s’en est suivi une révolution !
Les émigrés de la première heure n’ont eu comme but que de revenir en France, non pour assurer le développement du pays mais pour reconquérir fortune, biens et pouvoirs personnels et la tentative de fuite de la famille royale n’a pu qu’exacerber les craintes du retour de ces privilégiés aveugles aux besoins d’un peuple qui n’en pouvait plus, ce que vous ne mentionnez pas non plus.
Certes, l’histoire aurait été plus belle sans la mort de ce roi sous la guillotine (dont l’usage sera supprimé en France à la suite de l’abolition de la peine de mort par la loi du ministre socialiste Badinter en 1981, ce qui doit vous réjouir…).
On aurait pu imaginer une extradition en Angleterre où de nombreux émigrés avaient trouvé refuge. George III, roi d’Angleterre, l’avait semble-t-il proposé mais Louis-Philippe d’Orléans, dit Philippe Egalité, vota la mort sans appel possible du roi Louis XVI, son cousin…
Et est-on sûr que cette monarchie parlementaire qui avait tué son roi Charles 1er puis subi la dictature de Cromwell aurait finalement accepté de recevoir sur son sol un monarque absolu et de risquer de s’en trouver déséquilibrée ? George V l’a refusé en 1917 lors de la révolution russe alors que le tsar Nicolas II était un de ses cousins proches, ce qui n'était même pas le cas de George III et Louis XVI.
Mais ceci est une autre histoire que vous aurez peut-être envie, Monsieur le 1er Adjoint, de corriger prochainement
Raskazé Vorony