AVIS NEGATIF sans ambiguité:
Le collectif "Non à la carrière" s'était déjà fait l'écho de cet avis ( Lorgues - Carrière des Brunettes : informations récentes
). Le voici maintenant :
Un avis négatif clairement exprimé reprenant pour une bonne part l'essentiel des arguments développés par les associations lorguaises
hostiles au projet et reprises ici-même lors de nos articles précédents sur le sujet :
Le Commissaire-enquêteur a lui-même constaté l'étroitesse du chemin des Girards et la difficulté qu'il y aurait à y faire circuler
des camions de 26 tonnes
Il émet aussi des réserves sur la préservation du site et de sa biodiversité
Enfin, il constate que le projet va à l'encontre d'un des axes de développement économique de Lorgues, à savoir le tourisme rural,
que ne compenserait pas la création de 2 ou 4 emplois par l'initiateur du projet.
Le bon sens semble donc avoir été entendu !
L'entrepreneur a maintenant quelque semaines pour répondre à ces objections et le Préfet du Var prendra alors sa décision.
Pour les curieux, vous pouvez voir le texte de l'avis du commissaire-enquêteur sur le site Non à la carrière de Lorgues.
Nous l'avons également reproduit ci-dessous (courage, il n'y a que 3 pages à lire et dans une langue
compréhensible par tous !!! Merci, Monsieur Stalenq...)
Raskazé Vorony
B) CONCLUSIONS ET AVIS
I. RAPPELS
En application du Code de l’Environnement et des différents textes régissant les Installations Classées pour l’Environnement,
Monsieur Jean-Louis BRIATORE, agissant en qualité de gérant de la la S.A TRANSPORTS JEAN LOUIS dont le siège social est «Route de Lorgues - BP 3 - 83570 CARCES» a sollicité une demande
d’autorisation d’exploiter une carrière de matériaux calcaires située sur le territoire de la commune de Lorgues (83) au lieu-dit «Les Brunettes».
Le projet objet de la présente enquête publique concerne une ancienne carrière destinée à produire, par simple extraction à la
pelle mécanique, sans recours à l’explosif, des matériaux de type dalles et blocs calcaires pour approvisionner le marché local en dalles, pierres à bâtir et enrochements esthétiques et de
soutènements.
Pour ce faire, le projet envisagé par la S.A TRANSPORTS JEAN LOUIS consiste, d’une part, à exploiter cette carrière pour une
production maximum de 35 000 tonnes par an et pour une durée d’exploitation de 15 ans, et d’autre part, à réaménager et sécuriser les anciens fronts de taille, laissés en l’état par l’ancien
exploitant.
II. CONCLUSIONS
Après avoir étudié le dossier, visité le site de la carrière avec le demandeur, avoir ensuite parcouru à
plusieurs reprises le chemin d’accès dit «des Girards» et avoir circulé dans les collines et hameaux
environnants, avoir reçu le public, des représentants d’associations et des élus de Lorgues, avoir fait la
synthèse des très nombreuses observations orales et écrites sur le registre d’enquête ainsi que sur les
courriers et documents divers qui m’ont été transmis, et m’être fait ma propre opinion sur le projet, mes conclusions sont les
suivantes :
• A propos de l’accès à la carrière
Constatant que :
! le carrefour
entre la route départementale n° 562 de Lorgues à Carcès et le chemin rural «des
Girards» présente en l’état un caractère relativement dangereux du fait de sa configuration, qui
serait certainement aggravé par une entrée/sortie répétée de poids lourds de PTAC 26 tonnes
! le chemin des Girards menant sur environ 2 km à la
carrière qu’il borde, est un chemin étroit et
sinueux où il s’avère très difficile de se croiser déjà avec des véhicules de tourisme et que sa bande
de roulement a encore été réduite par la crue du 15 juin dernier et que la plupart des accotements
ont disparu ne permettant plus de trouver des refuges fréquents pour croisement
! le Maire de Lorgues, dont la commune est propriétaire du
chemin rural des Girards, a pris position
contre le projet d’exploitation de la carrière et écrit qu’il n’élargirait pas la voie et que le chemin
restera limité à 3,5 tonnes afin de préserver la sécurité des riverains et de toute la population de
Lorgues
! le problème de la protection d’espèces protégées par la
loi, suite à l’étude écologique qui
recommande de ne pas stationner ou empiéter sur les bas-côtés du chemin dans toute la ligne
droite en amont de la carrière, n’est pas résolu du fait précédent
! le chemin est fréquenté les habitants du hameau des
Girards et de celui de la Vigneaubière, par des
riverains ainsi que par des promeneurs, randonneurs et cyclistes
Et nonobstant
! la proposition de l’entreprise STJL de
créer des refuges alors qu’elle n’a pas la maîtrise foncière sur
les 2 km menant à la carrière et que la morphologie du chemin le plus souvent bordé d’un talus
rocheux d’un côté et du ruisseau de l’autre rend difficile une création de refuges conséquents à
distance raisonnable
! la proposition de l’entreprise STJL de
procéder à des travaux sur la voirie et les ponts pour un
montant de 141000 ! HT et de prendre en charge l’entretien du chemin pendant les 15 années
d’exploitation de la carrière.
Je considère que l’accès au site de la carrière est insuffisant pour une exploitation industrielle
mettant en oeuvre une rotation de camion de PTAC de 26 tonnes.
• A propos de l’impact sur l’environnement au sens large
Constatant que :
! le secteur situé aux alentours du site de
la carrière est une zone résidentielle caractérisée par sa
quiétude, alors que le bruit nouveau amené par un déroctage de roches calcaires et le chargement
des blocs sur un camion ne pourra que venir troubler cette quiétude
! certaines résidences localisées au Nord
du site de la carrière ont une vue directe sur l’ancienne
carrière située à flanc de colline dont la cicatrice est toujours visible dans le paysage près de 25 ans
après l’arrêt de son exploitation et que ces résidents auront donc une vue encore plus grande sur les
fronts de taille prévus plus en hauteur sur la colline
! des espèces protégées avérées et
fortement potentielles sont présentes aux abords de la carrière et
qu’une telle exploitation durant 15 ans entrainerait un risque quant à leur préservation
! les associations «Lorgues Nature» et «La Godasse Lorguaise» ont pris position contre le projet de
réouverture de la carrière
Et nonobstant :
! les mesures compensatoires prévues dans
le dossier mis à l’enquête
! la qualité du dossier mis à l’enquête et
notamment du volet naturel de l’étude d’impact
! la proposition de l’entreprise STJL de
constituer un comité de suivi avec la Mairie et les riverains afin
de corriger ou réduire les éventuelles nuisances.
Je considère que l’isolement du site de la carrière n’est pas suffisant par rapport aux habitations
environnantes et qu’un impact négatif sur l’environnement est à craindre pendant la période d’exploitation au moins.
• A propos de l’aspect socio-économique
Constatant que :
! les allers-retours de camion de PTAC 26
tonnes perturberaient vraisemblablement le mode de vie
des habitants des deux hameaux desservis par le chemin des Girards, des riverains et des
exploitants agricole
! le secteur possède un caractère
résidentiel indéniable avec présence de gîtes ruraux et chambres
d’hôtes dont les propriétaires sont inquiets pour l’avenir de ce type de location saisonnière en cas
d’ouverture de la carrière
! des résidences se sont implantées de
façon rapprochée du site depuis l’arrêt de l’exploitation de
l’ancienne carrière en 1986, soit depuis près de 25 ans
! la commune de Lorgues fait un gros effort
pour développer le tourisme saisonnier et résidentiel qui
est l’un des principaux moteurs économiques avec l’agriculture, et que ce projet d’exploitation de
carrière peut difficilement s’insérer dans l’image actuelle de la commune
! la nature des matériaux à extraire -
blocs calcaires et dolomitiques - ne présente pas d’intérêt
stratégique particulier, ni le projet dans son ensemble d’intérêt économique majeur pour la commune de Lorgues
! des associations lorguaises, de très nombreux habitants et les élus de Lorgues - Maire et Conseil
Municipal, Conseiller Général - ont pris fortement position contre le
projet
Et nonobstant :
! le projet légitime du demandeur de développer son entreprise et de mieux servir ses clients
! le rapprochement d’une ressource qui ne
se trouve actuellement que dans 4 carrières dans le Var et
l’intérêt manifesté par des entrepreneurs locaux pour une telle disponibilité
! la prévision de création par la STJL de 4
emplois (2 emplois étant initialement prévus dans le dossier
mis à l’enquête)
Je considère que le bilan des impacts sociaux-économiques qu’apporterait
cette
exploitation pendant 15 ans est en défaveur du projet.
III. AVIS
En conséquence de quoi le Commissaire enquêteur donne un avis défavorable à la demande d’autorisation
d’exploiter une carrière au lieu-dit «Les Brunettes» sur le territoire de la commune de Lorgues au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement.
Fait à Draguignan le 17 août 2010
Le Commissaire Enquêteur
Richard STALENQ