L’enquête du New-York Times sur les gaz de schiste et la radioactivité
De gros risques de pollution radioactive par l’extraction des gaz de schiste ont été mis en évidence dans une enquête du New-York Times.
Déjà en 2009, la sonnette d’alarme avait été tirée par Abraham Lustgarten dans son article : “Natural Gas Drilling Produces Radioactive Wastewater” (“l’extraction de gaz naturel produit des eaux usées radioactives”) dans lequel il indiquait que les eaux remontées en surface à l’issue du processus de fracturation contenaient de forts taux de radium 226 : 267 fois le taux autorisé pour des eaux usées rejetées dans l’environnement et des milliers de fois le taux autorisé pour l’eau potable.
“The information comes from New York State's Department of Environmental Conservation, which analyzed 13 samples of wastewater brought thousands of feet to the surface from drilling and found that they contain levels of radium 226, a derivative of uranium, as high as 267 times the limit safe for discharge into the environment and thousands of times the limit safe for people to drink.”
Ce que l’enquête du New-York Times de février 2011 apporte comme éléments nouveaux est plutôt inquiétant : D’une part les entreprises auraient (volontairement ?) sous-estimé le risque de radioactivité. D’autre part, les eaux remises « en circulation » seraient plus chargées en éléments radioactifs que ce que la loi américaine permet. La solution consistant à faire dépolluer les eaux par des plantes « nettoyeuses » se révèle insuffisante.
« The documents reveal that the wastewater, which is sometimes hauled to sewage plants not designed to treat it and then discharged into rivers that supply drinking water, contains radioactivity at levels higher than previously known, and far higher than the level that federal regulators say is safe for these treatment plants to handle.”
Pour en savoir plus : http://thetimes-tribune.com/news/gas-drilling/officials-call-for-water-testing-after-report-details-radioactive-shale-waste-1.1112781#ixzz1FZcEjcKb
Les entreprises ne respectent donc pas les lois. Mais le pourraient-elles vu la charge de l’eau en éléments polluants ?
Par ailleurs, le problème montré par les Américains est celui d’une eau dans laquelle la dilution des éléments polluants n’est pas suffisante. Ceci n’est à nos yeux pas satisfaisant. Le problème réside, au départ, dans la présence de ces éléments polluants.
Dilués ou pas, ils se reconcentreront inévitablement tôt ou tard dans la chaîne alimentaire et nous finirons un jour ou l’autre par les absorber !
C’est le principe même de l’hydro-fracturation qui est en cause. A partir du moment où l’on injecte de l’eau en gros volumes sous terre pour en récupérer 40 à 50 % chargée de divers éléments polluants (ajoutés pour le fracking ou issus du sous-sol même), on crée inéluctablement des sources de pollution des eaux et des sols, et peut-être aussi de l’air en y envoyant du radon.
Le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle
Présent partout à la surface de la planète, le radon provient de la désintégration du radium, lui-même issu de l’uranium contenu dans
la croûte terrestre. Sa concentration varie selon la nature géologique du sol. Il émane surtout des sous-sols granitiques et volcaniques.
Voici son cycle, selon l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire)
Et l'on nous dit :
Le radon peut s’accumuler dans les espaces clos, notamment dans les maisons. Les moyens pour diminuer les concentrations en radon dans les maisons sont simples :
-
aérer et ventiler les bâtiments,
- aérer et ventiler les sous-sols et les vides sanitaires,
- améliorer l’étanchéité des murs et des planchers.
Le Radon dans l'eau (toujours chez IRSN)
Le radon 222 (1), gaz radioactif de la chaîne de désintégration de l’uranium 238, est présent naturellement dans la croûte terrestre. Certains types de roches, notamment le granit, en contiennent davantage. Une partie du radon ainsi produit peut être transférée vers l’atmosphère, via la porosité des roches et du sol. Il peut également être dissous dans l’eau qui stagne ou circule dans les roches. Ces deux modes de propagation lui permettent, malgré sa période radioactive relativement courte de 3,82 jours (pour le radon 222 ; période au bout de laquelle la radioactivité initiale du radon est diminuée de moitié) d’entrer en contact avec la surface et ainsi entraîner une exposition de l’Homme.
Tout comme l’aération des bâtiments permet d’éviter l’accumulation de radon dans l’air, le dégazage de l’eau (eau du robinet qui a reposé quelques heures à l’air libre) atténue presque totalement le risque d’exposition par ingestion. Ainsi, pour les usages courants, le risque lié à l’ingestion d’eau contenant du radon est beaucoup plus faible que celui issu de l’inhalation au sein de locaux mal aérés (2).
En France, la politique de prévention du risque sanitaire associé au radon repose essentiellement sur la réduction du radon dans l’air ambiant des espaces confinés. Cette politique prend en compte de fait le radon dissous dans l'eau puisque son dégazage rapide contribue à la concentration en radon de l'atmosphère des locaux où cette eau arrive au robinet. Actuellement, pour les eaux destinées à la consommation humaine, la réglementation n'aborde pas explicitement la question du radon et de ses descendants radioactifs à vie courte.
Se souvenir également que :
1- Classé cancérigène par le CIRC .
2- Aucune étude épidémiologique n'a mis en évidence de lien direct entre
l'ingestion de radon par l'eau de boisson et son effet cancérigène. (Pour le moment ?)
A quand le pastis au radon ?
Brigitte Grivet
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