La « fracturation hydraulique » est la dislocation ciblée de formations géologiques
peu perméables par le moyen de l'injection, dans le tube de forage et sous très haute pression, d'un fluide (par exemple : 99% eau + sable + 1% éléments chimiques très dilués et utilisés
dans la vie quotidienne) destiné à fissurer et micro-fissurer la roche. Le sable contenu dans le fluide sert à garder les fissures ouvertes de manière à favoriser la migration des
hydrocarbures libérés le long des fissures, une fois arrêtée la surpression de l'eau. Dès que l'on met fin au pompage, les fissures se referment.
Cette technologie connue et éprouvée s'accompagne d'un monitoring renforcé, des méthodes de
simulation numérique et de suivi de la micro-sismicité. Rien n'est fait au hasard, tout est anticipé et sécurisé.
Cette fracturation peut être pratiquée à partir de puits verticaux, inclinés ou
horizontaux.
C'est une technique utilisée depuis les années 50 de manière à stimuler des niveaux de roches
peu perméables et améliorer ainsi le débit de production du puits. C'est ce que Vermilion Rep a déjà pratiqué sur 17 puits en France, dont 15 visant un gisement
conventionnel.
Pour information, il est estimé que 40% des puits forés dans le monde l'ont été par
fracturation hydraulique.
Là où les choses semblent un peu, voire beaucoup, moins idylliques, c'est lorsque les militants de Nature Environnement 77
demandent quelques explications au big boss venu exprès en France pour calmer les esprits et que :
"Vermilion Rep rappelle qu'elle a toujours conduit l'ensemble de ses travaux dans le
plus grand respect des règles de l'art et de l'environnement. Elle s'attèle à travailler au quotidien en bonne intelligence avec les élus locaux, les riverains ainsi que les
associations. C'est ainsi qu'elle entend poursuivre son développement à travers le monde et en France où se trouvent 25% de sa production."
comme écrit sur son site internet ...
Curieusement, l'entreprise prétend que depuis la loi votée le 11 mai
2011 elle ne pratique plus la fracturation hydraulique alors qu'elle bénéficie d'un droit de pompage de 1000 m3 / jour dans la seule nappe phréatique de Champigny et l'exerce à hauteur de 600
m3/jour.
Les responsables de l'entreprise ont évoqué 2 puits avec les membres
de Nature Environnement :
Concernant "Champotran 29", elle reconnaît avoir injecté 782 m3 de
fluide et en avoir récupéré 529 m3, soit 67%. A Champotran 6, elle aurait injecté 382 m3 de fluide et récupéré 265 m3, soit 69 %.
Ces quelques 794 m3 (529+265) avaient échappés à l'attention des
militants écologistes qui n'avaient pas vu passer les camions correspondants et surtout se demandaient bien où cette eau avait pu être dépolluée.
Et pour cause ! Un peu gêné, le Président de Vermilion a fini par reconnaître que cette masse d'eau polluée avait été réinjectée
dans l'aquifère du Dogger (réservoir d'eau dit de Channoy).
Le schéma du "puits type" en région parisienne de Vermilion montre bien que le cuvelage des tubes s'arrête au niveau de
l'aquifère du Dogger
L'aquifère du Dogger est une très grande réserve d'eau saumâtre, donc impropre à la consommation. Mais, voilà, elle est utilisée
en géothermie dans l'est parisien. 34 installations fonctionnent depuis une vingtaine d'années.
Le problème le plus délicat à résoudre a été celui de la corrosion des installations par l'eau saumâtre. La gestion de cette
source de chaleur est également très précise concernant l'eau chaude prélevée et l'eau froide réinjectée pour ne pas dégrader le potentiel calorifique du système.
Sur le site ADEME-BRGM, on peut lire :
Perspectives offertes par le Dogger en Ile-de-France
Le Dogger est un aquifère de
l'Ile-de-France assez bien connu du fait qu’il alimente 34 installations géothermiques exploitées depuis une vingtaine d’années dans la région. Pour contribuer au
développement durable de cette ressource commune, l'ADEME, l'Agence régionale de l'environnement et des nouvelles énergies d'Ile-de-France (ARENE) et le BRGM ont conclu un partenariat dont
l'objectif est de fournir aux instances concernées (maîtres d’ouvrage, opérateurs…) des éléments et des méthodes pour une optimisation des installations actuelles et à venir, notamment pour
parfaire la gestion à long terme du réservoir. Un recensement historique des paramètres du Dogger acquis au cours de son exploitation est engagé. La base de données qui en résulte alimentera
un modèle interactif du réservoir du Dogger permettant de prendre en compte les installations actuelles et de prévoir l’incidence à long terme de toute extension ou installation
nouvelle.
On ne peut que se poser les questions suivantes :
- Les produits chimiques réinjectés par Vermilion après fracturation hydraulique vont-ils à terme poser des problèmes de
corrosion différents ? Les installations sont-elles prêtes à supporter des éléments chimiques non connus au départ ? Que se passera-t-il en cas de fissure ou de fuite ?
- La gestion du potentiel calorique de cette réserve d'eau risque-t-elle d'être affectée par la réinjection d'eau refroidie (8000
m3 / jour pour le seul Vermilion, selon son site internet) après être remontée en surface avec le pétrole de schiste ?
Peut-être bien que cette histoire de pétrole de schiste qui pour le moment ne semble concerner que les "habitants des campagnes"
va finir par rattrapper les "habitants des villes" !
Brigitte Grivet